Creative Brains #3 Spécial Médias Sociaux

Avec près de 3 milliards d’utilisateurs actifs sur Facebook, 800 millions sur Instagram, 330 millions sur Twitter et 20 000 photos à la seconde partagées sur Snapchat en 2018, les réseaux sociaux assoient leur hégémonie et continuent de tisser leur toile dans le paysage numérique de demain. Mobile first, messageries instantanées, live, filtres, stories… Toujours plus variées et intuitives, les interfaces et fonctionnalités ne cessent de se réinventer et s’ancrent de plus en plus profondément au cœur des pratiques des usagers, faisant des réseaux sociaux des outils omniprésents et presque incontournables. Mais dans le sillage de cette montée en puissance se dessinent des failles de plus en plus marquées. Avec les fake news, le récent scandale Cambridge Analytica, la confiance des utilisateurs mise à l’épreuve et une concurrence de plus en plus rude entre les différentes plateformes, l’injonction au renouvellement n’a jamais été aussi forte. Les réseaux sociaux sont aujourd’hui à un tournant qui constitue un véritable défi, mais aussi un terrain de jeu et de créativité infini pour l’innovation. A quoi ressembleront les réseaux sociaux de demain ? Quelles opportunités offriront-ils aux industries culturelles et créatives ? Creative Brains décrypte ce mois-ci les évolutions d’une industrie numérique primordiale pour penser les contenus de demain !

 

 

Réseaux sociaux : quelles tendances pour demain ?

A l’heure où la course aux fonctionnalités suit une logique de plus en plus compétitive, les réseaux sociaux les plus puissants tendent à se copier les uns les autres et perdent peu à peu de leur singularité. Mais leur baisse générale de légitimité aux yeux des utilisateurs et l’arrivée de nouveaux acteurs les incite à penser diversification. Influencia recense quelques plateformes particulièrement innovantes qui se distinguent du front Facebook et consorts et annoncent les tendances de demain. Parmi celles qui surfent sur l’explosion de la vidéo, on trouve la messagerie française Tribe, très intuitive, qui permet de transformer des vidéos courtes en textos, faciles à créer et à échanger. L’ambition de son cofondateur Cyril Paglino est d’ajouter une touche de gaming à son application et de créer à terme une « game boy social », c’est-à-dire des jeux vidéo en mode chat à partager avec ses amis. Aux Etats-Unis, l’application HQ trivia séduit de nombreux utilisateurs avec un quiz sur mobile en direct du type « Qui veut gagner des millions ? », où l’on retrouve les codes des jeux télévisés avec une heure précise d’antenne. Enfin, l’exemple spectaculaire de la startup chinoise Pinduoduo fait la part belle au « social commerce ». Avec plus de 200 millions d’utilisateurs enregistrés en deux ans, elle est devenue l’une des startups à la croissance la plus rapide du pays. La plateforme apporte une véritable dimension sociale à l’acte d’achat, avec des fonctionnalités virales et addictives comme les tombolas ou le marchandage entre amis.

 

La vidéo sociale, le futur de l’information ?

Le futur de l’information est-il sur les réseaux sociaux ? A l’heure où la question sur les fake news fait rage, le débat est clivant. Johan Hufnagel, ex-directeur de Libération et co-fondateur de la startup Loopsider, interrogé par INA Global, en est convaincu : de plus en plus de personnes s’informent exclusivement via leur communauté, sur les réseaux sociaux, et c’est au regard de ces usages que se jouera l’avenir des contenus d’informations. Lancé en janvier dernier, Loopsider est un média vidéo diffusé uniquement sur les réseaux sociaux. Dans la lignée de Brut, Konbini et autres, Loopsider surfe sur la vague de la « vidéo sociale », un format qui continue de progresser.

Dans notre Creative Brains spécial Médias, nous évoquions le risque couru par les producteurs de contenus dans cette dépendance aux plateformes sociales, notamment en termes de business model. Selon le co-fondateur de Loopsider, le modèle économique, ainsi que les formats et la manière de fabriquer l’information, doivent être agiles, adaptables et construits autour de l’idée de renouvellement : «  Lorsque Facebook décide de changer les règles du jeu, il faut que l’on soit capable de s'adapter. Cela implique des changements culturels assez forts dans la manière de fabriquer l'information et de façonner le récit. ». Des propos renforcés par l’intervention récente de Matthew Henick au MIPTV à Cannes au sujet du futur du storytelling, rapportés par Meta-Media. Ce dernier annonçait l’âge du « divertissement social », dans lequel les producteurs devront intégrer les réactions de l’audience au processus de création, et fabriquer des contenus « responsive », modulable au public. Le défi sera d’inventer une nouvelle forme d’écriture, déclinable facilement pour des usages multiples.

 

 

 

Les médias sociaux et le livre : quels nouveaux usages ?

Avec les blogs, les réseaux sociaux littéraires et les booktubes, le monde du livre a su s’approprier le web social. Désormais au cœur des stratégies de promotion de certains éditeurs, les relations influenceurs ont cependant leurs spécificités, et l’évolution très rapide des plateformes sociales et de leurs usages nécessitent de rester vigilant et connecté à travers une veille régulière. Dans une tribune pour Actualitté, Stéphanie Vecchione, experte en promotion digitale du livre, observe ces mutations et le repositionnement stratégique de certains éditeurs. Plusieurs analyses en découlent. Tout d’abord, une désertion des blogs au profit de Facebook, Twitter ou Instagram qui se transforment de plus en plus en plateformes d’hébergement de contenus. Ce mouvement est renforcé par une montée en puissance d’Instagram qui est devenu en 2018 la plateforme le plus sollicitée pour un partenariat avec un influenceur. La cause de cette nouvelle hégémonie ? La dimension très intuitive du réseau social et la diversité de ses formats : Stories, Live, Evergreen. En parallèle, la baisse du reach Facebook entraînée par le nouvel algorithme contribue à faire d’Instagram un espace privilégié pour les influenceurs. Conclusion ? Pour Stéphanie Vecchione, les Instagrammeurs sont aujourd’hui des acteurs incontournables dans la promotion digitale du livre, quelles que soient leurs thématiques. L’experte conseille même de regarder du côté des influenceurs lifestyle, pertinents pour élargir son lectorat.

 

Bulledop, booktubeuse

 

 

Réseaux sociaux & réalité virtuelle, un match gagnant ?

Dans la précédente édition de Creative Brains nous évoquions la difficile appropriation de la VR par le grand public, principalement due au coût élevé des équipements et à aux frustrations des utilisateurs quant à l’expérience d’immersion. De nombreux tests et réflexions sont encore à mener sur le sujet, et la dimension sociale des expériences VR en fait partie.

Facebook, décidément prêt à diversifier son offre, expérimente Facebook Spaces, une application VR permettant d’interagir avec ses amis dans un environnement immersif et fun. L’application, testée par Le Monde, n’a pas convaincu les journalistes : selon eux, l’outil n’est pas celui qui entraînera une révolution des interactions sociales en ligne. Principal frein là encore, le coût de l’équipement, mais également le peu de possibilités données  à l’utilisateur. La customisation 3D et le partage de photos entre amis, le placement d’objets décoratifs dans la session de jeu ou encore le choix d’un univers en arrière-plan, ne semblent pas suffire.

Mais si l’AR et la VR peinent encore à rencontrer leur public, certaines appropriations de ces technologies sont spectaculaires. Et lorsqu’on parle de la dimension sociale des expériences proposées, l’exemple de Pokemon Go résonne fortement. Outre l’histoire et la qualité de la technologie, la force de l’application aux 650 millions de téléchargements a résidé en partie dans son fort aspect social. Pokémon Go est devenu une véritable communauté, et c’est sur ce point que son créateur Niantic entend peut-être bâtir l’avenir du jeu avec l’acquisition en novembre dernier de la startup Evertoon, spécialisée dans les mécaniques sociales. Les liens entre les réalités mixtes et les réseaux sociaux sont peut-être une piste à creuser pour l’avenir de ces technologies.

 

(source : http://fr.ubergizmo.com)

 

#MuseumWeek : les médias sociaux au service d’expériences culturelles

Avec les possibilités du numérique et au regard des nouveaux usages, les institutions culturelles cherchent de plus en plus à valoriser le patrimoine à travers de véritables « expériences ». Dans les musées, les cloisons s’ouvrent au profit de parcours moins linéaires, plus interactifs et immersifs autour des œuvres. Exemple spectaculaire de ces tendances, les expériences crées par Culturespaces se démocratisent dans des lieux comme l’Atelier des lumières à Paris, avec l’exposition immersive dédiée à Gustav Klimt qui s’y déroule du 13 avril au 11 novembre 2018. Mais immerger le visiteur, c’est aussi dialoguer avec lui, et lui permettre de dialoguer avec les œuvres.

La prolongation de l’expérience par la prise de parole et l’interaction, rendues possibles par les réseaux sociaux, est une réelle proposition de valeur pour les visiteurs ainsi qu’un puissant levier de communication pour les institutions culturelles. Plus qu’une simple case de présence numérique à cocher, les réseaux sociaux sont de précieux outils pour la médiation et la diffusion du patrimoine. La possibilité de raconter des histoires autour des œuvres, de donner son avis ou encore de partager son expérience constitue un vecteur culturel important, car l’émotion, déjà nichée au cœur de la relation entre le spectateur et l’œuvre, se prolonge à travers ces interactions et crée de l’engagement.

C’est pourquoi sont nées des initiatives telles que La Museum Week dont la cinquième édition avait lieu du 23 au 29 avril 2018. Pendant une semaine, les musées du monde entier ont célébré la culture sur Twitter autour de 7 thématiques et 7 hashtags. Comme le note Idboox, cet événement virtuel entendait faire découvrir les espaces culturels de façon ludique et invitait le grand public à participer largement pour se cultiver tout en s’amusant. Chaque jour, un hashtag était destiné à faire jaillir les interactions sur un sujet donné : lundi les femmes avec #womenMW, mardi la ville avec #cityMW, mercredi le patrimoine avec #heritageMW, jeudi les métiers avec #professionsMW, vendredi les enfants avec #kidsMW, samedi la nature avec  #natureMW et dimanche les différences avec #differenceMW.

 

(source : https://mgnsw.org.au/sector/news/museumweek-coming/)

 

 

#NoPriceonKids : quand la conscience détourne les codes du social commerce

« Aujourd’hui, les gens savent le prix de tout et ne connaissent la valeur de rien ». L’aphorisme d’Oscar Wilde garde de multiples échos à l’ère de la dématérialisation et de la consommation à portée de clic sur les réseaux sociaux. #NoPriceOnKids, la campagne de lutte de l’Unicef contre l’exploitation des enfants qui a récemment fait le buzz sur Instagram, a surfé sur ces tendances pour sensibiliser les consciences. L’ONG et son agence Brand Station ont investi Instagram et sa nouvelle fonctionnalité « Shopping » pour détourner intelligemment le réseau social et créer une campagne choc, en mettant en vente des enfants au prix de 0€. Comme le note Influencia, l’initiative visait à rappeler que la vie d’un enfant n’a pas de prix et invitait aux dons pour les protéger via une plateforme dédiée. La campagne a provoqué l’émoi dans les médias et sur les réseaux sociaux. Cet art du détournement montre les possibilités de prise en main infinies des plateformes sociales à l’heure où ces dernières sont devenues incontournables pour atteindre le grand public.

 

(source : Unicef.fr)