[Retour sur] Cycle de conférences sur la découvrabilité des contenus culturels

Dans le secteur culturel, et particulièrement dans le secteur des médias, la « découvrabilité » s’impose comme une nouvelle compétence à maîtriser pour assurer la rencontre entre un contenu et une audience. Nous vous proposons de revenir sur le cycle de conférences organisé début 2020.

 

 

LINCC a souhaité apporter un éclairage pointu sur ce sujet à destination des professionnels des ICC, en organisant un cycle de trois tables rondes en collaboration avec Jean-Gabriel Minel et en partenariat avec le Forum des images.

 

Nous vous invitons aujourd’hui à écouter ou ré-écouter les enregistrements audio des deux premières sessions ainsi qu'un complément d'information dans l'article ci-dessous.

 

 

Conférence 1 : Les stratégies et les outils d'indexation automatique

 

  • Thomas Fillon, CDO - Majelan
  • Olivio Segura, Chef de projet - Institut National de l'Audovisuel
  • Frédéric Petitpont, CTO & Founder, Newsbridge
  • Pierre Magrangeas, CEO & Founder, Onogone

 

 

Conférence 2 : Les leviers humains, organisationnels et le rôle des institutions  

 

  • Philippe De Cuetos - Ministère de la Culture
  • Isabelle Reusa - RES numerica
  • Aurélien Branger - Direction des Etudes et de l’Offre légale de l'HADOPI

 

 

Conférence 3 : Les outils de recommandation et les nouveaux modèles d'affaires

 

  • Elsa Sarfati, Sales Manager Europe & UK - Wibbitz
  • Hélène Gilles, Chargée de mission Economie des réseaux et modélisation à la Direction des études, des affaires économiques et de la prospective - Conseil Supérieur de l’Audiovisuel
  • Paul Mourey, Chef du service numérique - Centre Pompidou

 

 

 

Découvrabilité

On connaît le terme venu du Québec. On en discute dans le cadre de conférences. Mais concrètement on fait comment ? Peu d’acteurs culturels possèdent vraiment les compétences nécessaires pour exploiter pleinement cette nouvelle dimension, à la croisée de la science des données et du marketing. Les industries culturelles et créatives sont-elles prêtes à déléguer à la technologie l’intermédiation entre leurs contenus et les publics ? Pour quels bénéfices ? A quel prix ?

Avec le succès croissant des plateformes de diffusion et de partage de contenus sur Internet, et les avancées des technologies de reconnaissance, la découvrabilité devient un enjeu majeur pour les talents, les producteurs et les diffuseurs, qui évoluent dans un écosystème numérique caractérisé par une surabondance de contenus et une concurrence de plus en plus sophistiquée.

A la croisée du marketing et de la science de données (machine learning, reconnaissance des locuteurs, des visages…) les pratiques ne cessent d’évoluer au grès de l’évolution des algorithmes qui aiguillent nos recherches et notre consommation de contenus.

 

Définition :

La découvrabilité, mot d'origine québécoise, désigne la capacité, le potentiel pour un contenu culturel à se laisser découvrir aisément par le consommateur qui le cherche et à se faire proposer au consommateur qui n’en connaissait pas l’existence. Capter l’attention devient un enjeu crucial dans le contexte actuel de profusion de l’offre de contenus en ligne et des algorithmes de recommandation qui les hiérarchisent avant de les présenter aux internautes.

Autrefois, les moteurs de recherche fonctionnaient exclusivement sur du texte. La recherche est désormais possible sur des images, des vidéos et des sons. Grâce à la combinaison de technologies de reconnaissance arrivées à maturité, on peut ainsi « augmenter » un contenu avec des métadonnées qui viendront enrichir les usages et les algorithmes de recommandation.

 

S’intéresser à la découvrabilité implique de :

- Porter un nouveau regard sur les moteurs de recherche

- Travailler avec une attention particulière sur les métadonnées de ses contenus

- Maîtriser de nouvelles compétences autour de la donnée : l’IA, une technologie très mature

L’IA est une technologie qui, en effet, a atteint l’âge de la maturité et qui impacte tous les acteurs économiques. De nombreux exemples prouvent que la puissance de calcul permet de traiter un grand nombre de données. Les outils sont disponibles et aujourd’hui l’enjeu réside dans leur maîtrise, car ils ont besoin de consignes précises.

 

 « Un contenu non indexé est un contenu perdu »

Frédéric Petitpont, CTO et co-fondateur de Newsbridge

 

 

Les bonnes pratiques de l’indexation de contenus grâce au Machine Learning :

- Structurer et qualifier les données

- Entraîner un modèle d’IA avec des données en grande quantité

- Définir clairement ses objectifs

- Fragmenter les usages

- Travailler avec une approche multimodale (merger plusieurs sources d’information et plusieurs typologies de données pour améliorer la précision des résultats)

La maîtrise des outils d’automatisation de la donnée permet ainsi de dégager du temps « homme » et a pour objectif de redonner de la valeur à l’intervention humaine sur des missions qualifiées, à forte valeur ajoutée : garantir la diversité / garantir la légalité / enrichir les métadonnées des contenus / construire les bons modèles de calcul pour entraîner les algorithmes.

 

Les compétences clés

Au-delà des aspects techniques, des questions stratégiques importantes se posent. Le levier humain est au cœur de la découvrabilité des contenus mais comment acquérir ces compétences d’expertise, d’analyse et d’interprétation de la donnée ?

Les métiers liés à la maitrise des données (Data Scientist, Data Analyst, Data Architect) représentent des ressources essentielles mais sont également les ressources les plus chères.

 

Comment obtenir et optimiser l’apport de ces ressources qualifiées ?

Les pistes de réflexion :

- Développer des services d’analyse de la donnée culturelle

- Mettre à disposition de la donnée qualifiée et bien indexée

- Comprendre la consommation de ses contenus

L’open data est une posture avant tout politique et avec les API on entre dans l’hyperspécialisation.

 

Une question se pose alors : comment s’approprier les données liées aux usages que récoltent les gros acteurs de la diffusion ?

 

Rôle des institutions publiques

Il n’est pas de réglementer mais d’accompagner dans la compréhension, de décrypter et d’informer :

- HADOPI [Baromètre de la consommation de biens culturels dématérialisé – étude HADOPI -2019]

- La mission franco-québécoise sur la découvrabilité des contenus culturels en ligne du Ministère de la Culture a pour objectif d’établir un diagnostic des enjeux liés à la découvrabilité, puis de proposer et de mettre en œuvre des solutions qui permettent d’assurer une meilleure visibilité des artistes et des œuvres francophones sur Internet. Pour en savoir plus

- Le CSA a mené une enquête sur le sujet dont les résultats ont été présentés en novembre 2019. « Capacité à informer des algorithmes de recommandation : une expérience sur le service Youtube » ; LE CSA souhaite introduire davantage de transparence en informant les consommateurs qu’un contenu « poussé » est souvent un contenu « monétisé », donc pas forcément pertinent à l’internaute.

 

« Produire moins mais produire mieux »

Paul Mourey, chef du service numérique du Centre Pompidou

 

Produire du contenu : pour qui ? pour quoi ?

Le contenu doit être produit en cohérence avec l’audience et les outils de diffusion. La compréhension fine des usages et des comportements des consommateurs associée à la maîtrise des canaux de diffusion sont des éléments indispensables pour assurer la visibilité d’un contenu auprès de son audience.

- Adapter ses formats en fonction des canaux de diffusion et des réseaux sociaux.

- Produire des contenus sincères, pertinents et qualifiés

 

Mais les algorithmes de recommandation font débat ! Un des risques soulevés par les producteurs de contenus au sujet des algorithmes de recommandation est l’effet bulle : création d’un effet d’enfermement autour des centres d’intérêts de l’utilisateur qui ne lui permet pas d’accéder à d’autres contenus. Ainsi, la maîtrise des outils d’indexation et de recommandation de contenu ne sera jamais ni totale ni garantie sur le long terme. La technologie est mature mais elle évolue très rapidement et demande une forte capacité d’agilité.

 

La découvrabilité doit passer par le contenu lui-même : adapté, engagé avec une identité forte.

Il s’agit de préserver une diversité culturelle en produisant des contenus à vraie valeur ajoutée, renseignés et enrichis. Les producteurs éviteront ainsi de s’enfermer eux-mêmes dans un schéma de production contraignant ou d’uniformisation des formats, et garderont la maîtrise de leurs contenus et leur visibilité.

 

 

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A propos du Forum des images

Lieu incontournable de vie, d’espaces et de rencontres en plein cœur de Paris, Le Forum des images est également un lieu de projection, d’événements et de manifestations culturels. Ses espaces, accueillant chaque année des milliers de spectateurs, grand public et professionnels, sont un écrin idéal pour recevoir ces tables rondes professionnelles.